Parallèlement à la tenue de l’exposition L’empereur guerrier de Chine et son armée de terre cuite, le Musée présentera, du 3 mars au 19 juin 2011, Drapeau rouge, art contemporain chinois dans les collections montréalaises, un ensemble d’œuvres d’art contemporain chinois provenant de collections montréalaises, incluant les nôtres, dont un don récent, dans le cadre du 150e, de Me J.-Serge Sasseville que le Musée tient à remercier. Il s’agira de la première exposition consacrée par un musée québécois à l’art contemporain chinois dont l’expansion récente constitue l’un des phénomènes les plus remarquables de la scène mondiale de l’art des dix dernières années. L’entrée à l’exposition est libre en tout temps.
Réprimé durant les années 1990, dans le sillage des événements de la place Tiananmen, l’art contemporain a connu, depuis, un développement sans précédent en Chine, tant sur le plan démographique, qu’esthétique et économique. Une expansion à la mesure de la démesure chinoise. S’il existait à peine quelques galeries d’art en Chine à la fin du XXe siècle, plus de trois mille sont aujourd’hui dénombrées. Le seul quartier Espace 798, à Beijing, en compte trois cents. En 2001, un seul Chinois figurait dans la liste des cent artistes les plus «_cotés_» du monde, en 2009, ils étaient vingt-cinq…
Ces dernières années, plusieurs pièces d’importance ont été acquises par des collectionneurs montréalais. Le Musée, pour sa part, s’est enrichi d’œuvres significatives de certains des plus grands artistes chinois vivants, dont Ai Weiwei, Zhang Huan et les frères Gao. De ces derniers, véritables vedettes de cette scène, le Musée vient tout récemment d’acquérir deux photographies importantes : TV no 6 (2000), offerte par Me J.-Serge Sasseville, et Veille (2000), de la série «_Impression d’espace_».
Dans leur série «_La TV_», les frères Gao portent un regard acerbe et pénétrant sur le rôle de la télévision, nouvellement implantée et sous le contrôle de l’État, pour la transmission de l’information au pays. TV no 6, la dernière image de cette série à fort coefficient symbolique, montre un des artistes, Zhen, nu, assis sur un téléviseur allumé et tenant un journal dans ses mains. Informé par la lecture du journal, dont les titres réfèrent à des événements ayant eu lieu sous le régime de Mao, il a la tête tournée vers le ciel dans une attitude de douleur. La télévision, que nous regardons, ne montre qu’un écran vide.
Vivant en Chine, mais appréciés et collectionnés principalement en Occident, c’est à nous, intentionnellement, que les frères Gao s’adressent dans leurs œuvres qu’ils conçoivent comme des fenêtres ouvertes sur l’état de leur société. Les photographies de la série «_Impression d’espace_» – Attente, Prière, Anxiété, Veille, Écoute – décrivent les différents états psychiques dans lesquels l’urbanisation accélérée de la société chinoise plonge la population. Dans ces scènes, l’espace étroit, la nudité, le silence, l’absence de tout marqueur culturel ou historique, sauf cette poupée de chiffon, vestige d’une enfance disparue, tout communique l’image d’une société paradoxalement brutale et vulnérable.
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