L’Opéra de Montréal termine en beauté sa 31e saison avec une toute nouvelle production de La bohème, un des opéras les plus aimés de tout le répertoire. Pour insuffler une vie nouvelle au chef-d’œuvre de Puccini, l’Opéra de Montréal a fait appel aux meilleurs chanteurs canadiens du moment – des artistes qui ont l’âge de leurs personnages ! À la mise en scène, on retrouve Alain Gauthier, déjà applaudi ces dernières années pour ses mises en scènes à la fois inventives et classiques. Pour l’occasion, il retrouve le scénographe Olivier Landreville, avec qui il a collaboré pour Pagliacci/Schicchi, succès en 2009 à l’Opéra de Montréal et récipiendaire du Prix Opus « Spectacle de l’année ». L’opéra est présenté les 21, 25, 28 et 30 mai, et 2 et 4 (14 h) juin 2011 à 20 h à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.
À la tête d’une distribution d’une rare homogénéité, on retrouve la soprano Marianne Fiset, gagnante de cinq prix lors du Concours international de musique de Montréal en 2007. En pleine ascension, elle fera ses débuts en 2012 à l’Opéra-Bastille de Paris, dans le rôle-titre de Manon de Massenet (en alternance avec Natalie Dessay). Elle offre à Montréal ses premiers pas dans le rôle de la bouleversante Mimi. Son Rodolfo sera Antoine Bélanger, une des plus belles voix de ténor du moment, les rôles de ses amis « bohémiens » étant tenus par plusieurs autres membres – anciens ou actuels – de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal : la soprano Lara Ciekiewicz (Musetta), le baryton Étienne Dupuis qui chante Marcello, une autre étoile montante de la scène lyrique qui multiplie les prises de rôles en Europe, Pierre Rancourt (Schaunard) et Alexandre Sylvestre (Colline). Le chef d’orchestre Giuseppe Pietraroia dirige l’Orchestre Métropolitain, les décors d’Olivier Landreville seront éclairés par Claude Accolas ; costumes de l’Opéra de Montréal.
Puccini, peintre de l’âme humaine
Originaire d’une longue lignée de musiciens, orphelin de père à cinq ans, Giacomo Puccini découvre sa vraie vocation en assistant à une représentation d’Aida de Verdi. Après des essais plus ou moins fructueux, il remporte son premier succès avec Manon Lescaut, en 1893. À l’inverse des autres compositeurs italiens du passé (Rossini, Donizetti, Verdi…), Puccini mûrit longuement ses partitions, mais le succès est presque toujours au rendez-vous : La bohème (1896), Tosca (1900), Madama Butterfly (1905). Orchestrateur génial, mélodiste raffiné, véritable psychologue de la musique, Puccini excelle à peindre l’âme humaine et à faire jaillir les émotions les plus fortes. Igor Stravinski disait : « Lorsqu’on l’écoute, la musique de Puccini est plus belle que la dernière fois. » Pas étonnant que la liste des œuvres de Puccini soit constituée presque uniquement de succès !
« Amor !… Amor !… »
Lorsqu’il était étudiant au Conservatoire de Milan, Puccini vivait dans des conditions difficiles. Il a dû s’en souvenir au moment de mettre en musique La bohème, et c’est peut-être ce qui lui donne un indéniable cachet d’authenticité. Inspiré des Scènes de la vie de bohème, roman à succès du Français Henri Murger, l’œuvre est considérée comme l’un des meilleurs opéras romantiques. Sa gestation a été tumultueuse : un compositeur rival, Ruggero Leoncavallo, affirme avoir commencé à travailler sur le même sujet avant Puccini ! Le soir de la création, la critique est plutôt tiède.
Mais le public ne l’entend pas de cette oreille et La bohème fait bientôt le tour du monde. L’industrie du disque, qui vient de naître, multiplie les enregistrements des moments forts de la partition. À commencer par ceux d’Enrico Caruso, le célébrissime ténor qui enregistre à plusieurs reprises le fameux « Che gelida manina » de Rodolfo, suivi par 500 autres collègues dans les décennies qui suivent ! De même, pas une soprano, de Tebaldi à Netrebko, en passant par Callas, Caballé, Freni, Scotto, etc., n’a résisté au sublime « Si, mi chiamano Mimi ». La bohème serait, selon certaines sources, le deuxième opéra le plus représenté au monde – seulement dépassé par un autre titre de Puccini : Madama Butterfly. Par exemple, à Paris, entre 1898 (année de la création française) et l951, on compte pas moins de mille représentations de La bohème, donc une moyenne de 200 par année !
Un succès du box office
Pourquoi un tel succès ? Peut-être que pour apprécier La bohème, il suffit d’avoir été jeune et d’avoir aimé, d’avoir eu des amis proches, d’avoir souffert… Mais La bohème a aussi ce don rare de faire passer le public par toute une gamme d’émotions, du rire le plus franc à la larme la plus brûlante. Œuvre aussi riche musicalement que dramatiquement, elle propose des couleurs orchestrales qui séduisent les critiques et des mélodies qui vont droit au cœur du public.
Résumé de l’histoire
À Paris, dans une froide mansarde, le jeune poète Rodolfo grelotte en compagnie de Marcello, le peintre. Des amis viennent les rejoindre : Colline le philosophe et Schaunard le musicien. C’est Noël, mais au lieu d’aller réveillonner au café avec sa bande, Rodolfo reste seul pour écrire. Il ne reste pas seul longtemps : Mimi, une jeune et belle voisine, frappe à sa porte. Sa chandelle est morte, elle n’a plus de feu… Mais c’est plutôt une passion qui s’allume entre ces deux-là. Le même soir, Marcello se réconcilie pour la énième fois avec l’explosive Musetta. Les couples se font et se défont au rythme des saisons. Mais comment s’aimer quand on meurt de faim ? Rodolfo est rongé par la jalousie, Mimi par la maladie. Malgré la jeunesse, malgré l’amitié, la mort est au bout du chemin…
Opéra : La bohème
Genre : Opéra (« Scènes lyriques »)
Structure : En quatre actes
Langues : En italien avec surtitres français et anglais
Livret : Luigi Illica et Giuseppe Giacosa
Création : Teatro Regio de Turin, le 1er février 1896
Nouvelle production : Opéra de Montréal
Dernière présentation à l’Opéra de Montréal : janvier 2004
Prix et billets ICI.
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