Par Marc-André Piette.
Auteur humoristique, romancier, essayiste, Yves Trottier a à la fois travaillé sur les textes de Et Dieu créa…Laflaque et sur les chemins de fer du CN. En ayant eu la chance d’échanger avec lui, je peux dire que ma définition du terme « éclectique » s’est raffinée.
Il lançait le 2 mars dernier le premier tome d’une nouvelle série jeunesse intitulée Les Tigres bleus, qui nous introduit au destin mythique d’une sœur et d’un frère jumeaux à l’ère « post-grand réchauffement », dans ce qui s’apparente à un Game of Thrones jeunesse
Alors que tu fréquentais l’université, quelle était la place de l’écriture, de la littérature dans ta vie?
J’ai toujours beaucoup lu étant jeune, mais j’ai vraiment découvert la combinaison de la littérature et de la philosophie avec Albert Camus. La lecture de La Chute m’a marqué, et j’ai tout lu ses livres par la suite. Par ailleurs, ma maîtrise en philosophie, je l’ai faite sur Camus, sur le concept de la violence.
Ton désir d’écrire est-il né de ce background-là? La philo?
J’écrivais déjà lorsque j’étais au collège militaire. Entre ma sortie du collège et ma maîtrise en sciences politiques à Kingston, je planchais sur une première idée de roman. Après la maîtrise, pour payer mes dettes, je suis parti enseigner l’anglais en Corée du sud, où je m’organisais aussi pour travailler mes textes. En revenant au Québec, j’entamais la maîtrise en philosophie, et c’est à ce moment que j’ai publié mes deux premiers romans l’Euthanasiste ambulant en 2002 et La Part du gros en 2003. Même si le désir d’écrire m’habitait avant de connaître l’œuvre de Camus, c’est vrai qu’il a été, d’une certaine manière, l’élément déclencheur, car j’ai toujours aimé qu’un roman me fasse aussi réfléchir sur la condition humaine.
D’où t’es venu l’idée des Tigres Bleus?
L’idée m’est venue alors que j’étais étudiant ici, à l’ÉNH, en 2006. J’avais imaginé l’univers dans mon cours d’écriture en télévision jeunesse. À la base, je voyais ça comme un dessin animé, mais je n’arrivais pas à me défaire de l’impression qu’en roman, ce serait meilleur. J’ai gardé l’idée en tête pendant 10 ans, jusqu’à ce que je soumette un premier manuscrit chez Les Malins, qui avaient publié mon premier livre jeunesse (Bouddha le chat, 2014). De là, j’ai solidifié l’univers des Tigres Bleus avec l’idée d’en faire une série, une saga.
Est-ce qu’il y a un gros apport de « Yves Trottier, maître en philo » dans l’écriture de cette saga?
C’est sûr que c’est loin d’être un essai philosophique. C’est avant tout un récit rempli d’action mêlant intrigues, créatures légendaires, et combats. La philo entre en ligne de compte quand on parle du mythe fondateur de l’univers des Tigres bleus, celui de deux divinités qui régnaient conjointement avant que celle du Feu ne veuille imposer sa supériorité sur celle de l’Eau, ce qui a causé le déséquilibre ayant mené au « grand réchauffement » de la Terre. Les guerriers issus de la lignée du Feu ont une devise qui dit : « ne t’éteins jamais ». Ça reprend un peu les grandes lignes du Platonisme qui veulent que le corps soit temporaire et qu’il existe un monde supérieur, où l’âme est éternelle et ça, les guerriers y aspirent. Mais c’est avant tout une histoire, c’est vraiment les actions des personnages, selon leurs désirs et leur personnalité, qui mènent le livre.
Pour terminer, quel genre de public espère-tu rejoindre? C’est un peu dans l’esprit post-apocalyptique, mais ça demeure quand même loin des Hunger Games et compagnie, non?
Je crois que ça saura plaire à un public similaire. C’est dans le post-apocalyptique, oui, mais c’est différent dans la mesure où on est revenus en arrière, sans technologie avancée. C’est inspiré du Moyen-Âge occidental et de la Chine féodale, un monde de rivalités entre seigneurs de guerre. Au niveau du public, le spectre est large, mais c’est quand même truffé d’action, il y a des têtes qui roulent.
Les Tigres Bleus 1. Le Royaume de sable
Les éditions les Malins inc., Yves Trottier.
Détails : https://www.facebook.com/lestigresbleus/
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